Bien connu du public de la Catalogne française, où il a régulièrement donné des concerts, Lluís Llach a également une relation particulière avec Paris où il a passé plusieurs années d’exil pendant le régime de Franco.
En effet, à partir de 1972, Lluís Llach va donner de nombreux concerts dans la capitale où il fera de longs séjours.
« Je viens d’un tout petit petit pays, je ne parle pas votre langue et j’ai l’immense prétention de communiquer avec vous… »
En mars 1971, Lluís Llach doit quitter précipitamment l’Espagne où il est devenu un chanteur subversif et dangereux pour le pouvoir franquiste. Il passe la frontière avec son manager Joan Molas. Sur le chemin qui le mène à Paris il retrouve de nombreux amis de la Catalogne du nord qui l’aident et le soutiennent. De même, arrivé à Paris, il rencontre des exilés républicains, hommes et femmes qui poursuivent le même combat.
Le 21 janvier 1973 est une date importante dans la vie de Lluís LLach. Il chante pour la première fois à l’Olympia, date qui marque pour lui le début d’une longue relation avec la capitale. Interdit dans son propre pays, le chanteur peut se produire librement sur la scène qui a vu chanter Brel, Piaf, Ferré… des références artistiques qui lui sont chères.
Dans le public, une majorité de catalans et d’espagnols qui apprécient des chansons ironiques comme « la Gallineta » qui en a assez de pondre des œufs pour ses exploitants (pour passer la censure, Llach lui fait dire « vive la révulsion » qui sonne comme « vive la révolution »), l’Estaca, bien-sûr et Madame (qui remonte de la plage avec son maillot de bain mouillé acheté à la Samaritaine) un portrait moqueur des touristes qui viennent en vacances en Catalogne sans rien comprendre au contexte politique…De ce concert unique sort un double album « Lluís Llach à l’Olympia » que les Catalans viendront acheter en France.
Par la suite, Llach se produira régulièrement à Paris dans des salles toujours combles. Ses concerts rassemblent Catalans et Espagnols de Paris mais aussi un public parisien de plus en plus large. Que ce soit grâce à un ami catalan, au hasard d’un concert, de nombreux Français sont tout d’abord touchés par sa voix, ses chansons, sa musique avant de découvrir le sens de ses paroles et l’univers très personnel de Llach.
A partir de 1975, le Théâtre de la Ville l’accueille régulièrement et il y célèbrera ses 25 ans de carrière en mai 1996.
En 1988, Lluís revient à l’Olympia avec l’album Geografia. En 1993, il se produit au Casino de Paris.
En 1997, Lluís Llach entame une tournée mondiale avec un nouveau récital piano-voix intitulé Nu, qu’il interprète notamment au Bouffes du Nord en mai. Cet album est sans doute la meilleure façon de découvrir Lluís Llach pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Seul au piano, il y interprète ses plus belles chansons.
Au mois de 1999, à Paris, il s’installe pour deux soirées à l’Olympia. Le 25 février de cette même année, Lluís présente à Paris, à la Maison de la Catalogne, ses deux nouveaux albums : Jocs et Rar.
2005 – Lluís Llach est sur la scène du Trianon les 8 et 9 Avril 2005. Ces deux concerts magiques sont l’occasion de duos entre Llach et chanteurs comme l’ensemble I Muvrini, Sapho, Zebda.
« Que vous soyez toujours là, après quarante ans, c’est un miracle »
2006 – Adieux à l’Olympia. Lluís Llach arrive sur scène de sa démarche timide, s’asseoit au piano et dit Le public lui fait une ovation. Llach a décidé de mettre un point final à sa carrière de chanteur et il vient faire ses adieux à Paris.
« Après 40 ans d’une chanson d’amour avec le public, je veux que cette
chanson se termine bien, sur un accord défini, propre et magnifique »,
explique le chanteur qui s’autoproclame « un jeune vieux », dans une interview au « Mundo » de Madrid.
Accompagné de ses musiciens, percussions, violoncelle, basse et contrebasse, accordéon, guitares, Llach offre à un public ému aux larmes un concert d’une grande pureté musical. La salle se lève, applaudit, chante avec lui et vibre d’un même accord. Entre chaque chanson, Llach parle longuement, comme à l’accoutumé, en français, mêlant la poésie de ses mots aux images des paysages de son enfance, de notre monde malade et de la Méditerranée. La Méditerranée, berceau culturel dont il regrette qu’elle soit aujourd’hui devenue une barrière devant un tiers-monde de misère.
Généreux, Llach enchaîne bis après bis et le concert se prolonge encore et encore pour le bonheur de son public qui ne se résout pas à le voir quitter la scène. Après l’Estaca que le public chante avec lui, main dans la main dans une longue chaîne d’humanité il quitte la scène sur « Itaca », une ode à la navigation homérique et « aux guerriers qui à leur peuple sont fidèles».
Lluís à Paris en quelques dates (à compléter….)
- 1973 – Olympia
- 1974 – Olympia
- 1975 – Olympia
- 1975 – Théâtre de la Ville
- 1981 – Théatre de la Ville
- 1983 – Bobino
- 1985 – Théâtre de la Ville
- 1986 – Zénith avec J-Claude Casadesus
- 1988 – Théâtre de la Ville
- Requiem de Fauré
- 1989 – Olympia
- 1991 – Opéra Comique avec l’Orchestre symphonique d’Europe
- 1993 – Casino de Paris
- 1997 – Bouffes du Nord
- 1999 – Olympia
- 2005 – Trianon
- 2006 – Olympia